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Quand la terre tremblera d'un violent tremblement, et quelle fera sortir ses fardeaux, et que l'homme dira : « Qu’a-t-elle ? » ce jour-là, elle contera son histoire, selon ce que ton Seigneur lui aura ordonné.
Sourate 99.
Le Caire, fin octobre 1941
Aussitôt après le suicide de son père, Taymour avait démissionné de ses fonctions de député et s'était gardé de descendre dans l'arène politique ou de se lier avec quiconque parmi les ténors de ce milieu. Il ne souhaitait plus qu'une seule chose : se consacrer à ses enfants. Hicham allait vers ses seize ans et Fadel avait soufflé ses douze bougies le 14 septembre. Les circonstances de la mort de Loutfi avaient fait prendre conscience de Taymour de la vanité des choses, et l’interrogation affrontée un jour, devant son miroir, lui revenait plus insistante que jamais : « Qui es-tu ? »
La réponse, il crut l'entrevoir dans les yeux de ses fils. N'avaient-ils pas en eux une parcelle de lui ? Et donc d’éternité ? Ils représentaient un trésor unique qu'il se devait de couver, de protéger, afin d'éviter qu’il ne se ternisse.
Hicham s'était révélé très vite un enfant brillant, doté d’une mémoire phénoménale. Ce qui n'allait pas sans soucis. Car, il suscitait la jalousie de camarades qui se gaussaient, estimant que la mémoire ne remplacerait jamais la compréhension. Il ne s'agissait que de mauvaises langues : Hicham possédait en effet aussi cette faculté. Lorsque Taymour posait la sempiternelle question que tout parent pose un jour : « Qu’aimerais-tu faire plus tard ? », le garçon répondait inexorablement : « Soldat. »
– Soldat ? Soldat ? Mais nous n'avons même pas d'armée, ou alors elle est guignolesque ! Pour quelle raison veux-tu être soldat ?
– Pour libérer mon pays.
– Allons ! D'autres s'en chargeront à ta place ! D'ailleurs, ce n'est pas un métier, soldat.
À quoi Hicham rétorquait : « Je serai soldat. »
Fadel, lui, ne savait trop quelle voie emprunter. Alors qu'il était plus petit, sa mère l'avait interrogé sur sa future vocation et sa réponse avait fait hurler de rire tout le monde : « Cheval de course. » Un rire, s'était dit Taymour, qui valait bien tous les titres de bey, pacha ou ministre.
*
Le 2 novembre, un dimanche, un domestique vint lui annoncer qu'un certain Mohieddine l'attendait au bout du fil.
Mohieddine ? Ce ne pouvait être que Zakaria, l'ami de Zulficar, cet homme qu'ils avaient salué au Café Ma’aloum. D'ailleurs, il n'était pas seul ce jour-là. Il y avait avec lui un personnage au sourire carnassier dont il n'avait gardé en mémoire que le prénom : Gamal.
Deux ans au moins s'étaient écoulés depuis leur rencontre. Que lui voulait-il ?
Taymour saisit le combiné.
C'était bien Zakaria Mohieddine.
– Je comprends ta surprise, mais notre ami Ahmed Zulficar a bien voulu me donner ton numéro. Nous allons déjeuner au café des Pigeons, sur la route des Pyramides, et nous serions heureux que tu te joignes à nous. Tu pourrais amener ton épouse et tes enfants. Il fait un temps splendide. Nous y serons à 13 heures. Nous t'attendons ! Mael salama ! À tout à l'heure !
Avant même que Taymour eût te temps de répondre, l'autre avait raccroché.
D'abord agacé, puis hésitant, il pensa qu'après tout le moment était venu de renouer avec la vie publique. Il proposa à Nour de l'accompagner, mais elle déclina l'invitation ; elle attendait précisément des amies à déjeuner. Il fit la même proposition à ses enfants, Seul Hicham voulut bien y répondre favorablement.
Trois quarts d'heure plus tard, le père et le fils débarquaient au café des Pigeons, où Zakaria et Ahmed étaient déjà attablés.
– Ravi de te revoir ! s'exclama Zakaria, le visage plus lisse que jamais. Tu as les amitiés de Gamal.
– Gamal ?
– Gamal Abdel Nasser. L'ami qui...
– Oui, oui. Je suis seulement surpris qu'il se souvienne encore de moi.
Zakaria désigna Hicham.
– C'est ton fils, j'imagine ! Mâcha'Allah ! Quel don de Dieu !
Il embrassa le garçon affectueusement et l'invita à s'asseoir à sa droite, tout en enchaînant :
– Pour en revenir à Gamal, sache qu'il t'a beaucoup apprécié. C'est un homme étonnant. Tu apprendras un jour à mieux le connaître. Pour ma part, je suis persuadé qu'il sera amené un jour où l'autre à jouer un rôle dans ce pays.
– Salam aleïkoum ya chabab ! La paix soit sur vous, les jeunes !
En levant la tête vers celui qui venait de les apostropher d'une voix tonitruante, quelle ne fut pas la surprise de Taymour de découvrir un soldat d'environ vingt-trois ans, aux cheveux coupés en brosse, à la raideur étrange et portant monocle. On eût cru voir un Oberführer dans une parodie anglaise.
Aussitôt, Zakaria annonça :
– Anouar, un ami de longue date. Taymour Loutfi.
Ahmed lui proposa de s'asseoir. Il répondit qu'il l'aurait fait volontiers, mais qu'il attendait un collègue.
– Qu'à cela ne tienne, qu'il se joigne à nous.
– Je n'ai pas très bien saisi le nom de votre ami, fit observer Taymour tandis que le personnage s'éloignait,
– Anouar, Anouar el-Sadate. Ou plutôt Anouar von Sadate,
– Von Sadate ? s'exclama Hicham, éberlué.
– Je vous expliquerai plus tard. Le voilà qui revient.
Le compagnon d'Anouar, un soldat lui aussi, déclina son identité : Salah Salem. Il avait l'allure d'un jeune homme aux manières bon enfant. Il expliqua qu'il venait d'être admis à l'Académie militaire d'Abbassieh et avait l'intention de faire carrière dans l'armée, sa seule passion.
– Moi aussi, annonça Hicham en bombant le torse. Moi aussi, un jour, j'entrerai à l'académie,
– Toutes mes félicitations, mon garçon, le congratula Sadate. Nous avons besoin d'hommes comme toi, prêts à se dévouer pour leur patrie.
Il se tourna vers Taymour et poursuivit :
– Des hommes à l'image de ton père !
Et, dans la foulée, comme s'ils s'étaient donné le mot, lui et Salah Salem se lancèrent dans les plus chaleureux éloges sur le comportement de Taymour du temps où il siégeait au Parlement.
– Mon ami, conclut Sadate, avec tant d'emphase que son monocle tomba, c'est avec des héros tels que toi et ton fils que nous ferons l'Égypte !
Sur quoi il rajusta son monocle.
Une proposition étonnante : l'Égypte n'était-elle pas déjà faite ? songea Taymour. Mais l'enthousiasme du jeune homme se révélait contagieux ; il le remercia du compliment. Cet officier était décidément bien sympathique.
Dans la voiture qui les ramenait en ville, Zakaria expliqua, avec un léger sourire, que Sadate appartenait au cercle des intimes d'un autre personnage, le général Aziz el-Masry, l'ex chef d'état-major des forces égyptiennes aujourd'hui écarté du pouvoir par les Anglais le jugeant, à l'instar de Sadate, trop proche des forces de l'Axe.
– Que je sache, El-Masry est septuagénaire ! Sadate doit avoir vingt ans.
– Ce n'est pas une affaire d'âge, mais de convictions.
– Et ce monocle, à quoi rime-t-il ? reprit Hicham qui avait de la suite dans les idées.
– Il le porte pour témoigner de sa germanophilie. Cependant, ne te méprends pas : c'est l’un des jeunes officiers les plus actifs de la nouvelle génération. Il est aussi étroitement lié à Hassan el-Banna, le fondateur des Frères musulmans. Je le soupçonne même d’essayer de ma soutirer des renseignements.
– Tu es sérieux ?
Ce fut Zulficar qui expliqua avec un demi-sourire :
– Grâce à ses services de renseignements personnels. Il fréquente la très célèbre Hekmet Fahmy. La danseuse du ventre lui prête de temps en temps sa dahabieh sur le Nil et il organise des soirées où sont conviées des – il hésita sur le terme, sans doute à cause de la présence du garçon – femmes liées à des officiers anglais. Il écoute, glane, note toutes les informations utiles à ses yeux.
– Et à qui les transmet-il ?
– Aux Allemands, bien entendu !
Taymour resta pensif. Des femmes liées avec des militaires anglais ? Des prostituées doublées d'espionnes. Les temps avaient bien changé depuis Saad Zaghloul. Ou bien était-ce lui qui devenait puritain ?
– Si tu veux mon avis, suggéra Zakaria, retiens son nom. Il est jeune, mais tu entendras parler de lui un jour.
Il s'empressa d'ajouter :
– Comme de mon ami Gamal.
*
Paris, 19 novembre 1941
Dounia replia le télégramme et resta immobile, au centre du salon, incapable de répondre aux interrogations inquiètes de Jean-François. Ce fut seulement lorsqu’elle sentit la main de son époux posée sur son épaule qu’elle finit par annoncer :
« Nidal est mort. »
Jean-François ne fit aucun commentaire. À quoi bon ? La disparition d'un être aimé est une douleur qu'aucun mot ne console.
De la fenêtre entrouverte claquèrent des ordres en langue allemande, aussitôt suivis d'un bruit de voiture. Jean-François ne parvenait toujours pas à effacer de son esprit l'image de ces troupes, ces croix gammées descendant avec arrogance les Champs-Élysées. C'était il y a plus d'un an et demi. Mais l'offense demeurait.
Quelle catastrophe ! Quel abîme s'était ouvert sous le corps de la France et de l'Europe tout entière !
Au grand dam des patriotes, le maréchal Pétain, qui avait remplacé Paul Reynaud à la tête du gouvernement, s'était empressé de plier devant le Führer et de demander l'armistice. Heureusement que, le 18 juin 1940, on avait pu capter sur les ondes de la BBC l'appel d'un général, Charles de Gaulle, adjurant le peuple de relever la tête. Rien n'est perdu, avait-il affirmé, parce que cette guerre serait une guerre mondiale, que des forces immenses n'avaient pas encore été lancées dans la bataille, et qu'il était vital que la France fut présente le jour où elles s'élanceraient et briseraient l'ennemi
En juin 1941, les Britanniques et les Forces françaises libres, commandées par le général Catroux, étaient entrés en Syrie et au Liban et avaient conclu, au terme de violents combats, un armistice avec les troupes vichystes. Le 8 juin, Catroux avait proclamé solennellement l'indépendance de la Syrie et du Liban, ainsi que la fin du mandat au Levant. Malheureusement, dans les faits, un long chemin restait à parcourir.
Demain... Demain.
*
Le Caire, 5 février 1942
S'il n'avait pu s'emparer de Tobrouk, dont il avait en vain fait le siège, le feldmaréchal allemand Rommel poursuivait présent son avancée vers l'Égypte. Les Anglais, commodité de langage pour désigner des troupes qui comprenaient des Australiens, des Sud-Africains, des Néo-Zélandais et autres soldats venus du Commonwealth, résistaient, au prix de lourdes pertes en vies et en matériel. La date la plus meurtrière de la guerre d'Afrique fut le dimanche 23 novembre 1941, qualifié par les Allemands de Totensonntag, « Dimanche des morts ». Ce jour-là, le désert de Libye fut rouge de sang. Abreuvé de la vie de milliers d'êtres humains.
En apprenant l'issue de cette bataille, un vertige s'empara de Taymour : ces dizaines de milliers de vies sacrifiées, Anglais, Allemands, Arabes, l'emplissaient d'amertume. Quand s'arrêterait ce massacre ?
C'est alors que les événements se précipitent, aussi alarmants à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'Égypte.
Le 29 janvier 1942, on apprit que le maréchal Rommel avait repris la ville de Benghazi aux Alliés.
Le 1er février, influencés par on ne sait qui, les étudiants de l'université d'El-Azhar envahirent les rues du Caire en criant : « Nous sommes les soldats de Rommel ! ». Déchaînés, ils réclamèrent la démission du Premier ministre, Sirri pacha, une autre marionnette anglaise, et son remplacement par un homme réputé pour sa sympathie pour les forces de l'Axe : Ali Maher pacha.
Le roi hésita. Mais pas longtemps. Le destin lui donnait peut-être l'occasion de faire un sort à l'affirmation qui courait depuis son avènement : « Farouk règne, mais ne gouverne pas. » Le 3 février, il renvoya le gouvernement de Sirri et s'apprêta à nommer l'homme réclamé par son peuple : Ali Maher.
Courage ? Inconscience ?
Lorsque le représentant britannique, sir Miles Lampson, apprit la destitution de Sirri – son ministre – il déjeunait, après s'être livré à une partie de chasse dans le Fayoum Stoïque, il posa ses couverts, se leva, rangea ses fusils et annonça, sourire aux lèvres, à son entourage : « Désolé de devoir vous quitter, mais j'ai un roi à détrôner. »
Rencogné dans la Rolls-Royce de la résidence qui le ramenait dans la capitale, le proconsul britannique ruminait sa colère, se remémorant sans doute ce que Sirri lui avait dit un jour de Farouk : « Un gosse trouillard, auquel il faut faire peur de temps en temps. »
Eh bien, goddammit, il allait lui faire peur.
Aux yeux du représentant britannique, si un homme devait remplacer Sirri, ce serait Nahas pacha, ennemi intime de Farouk. Âgé de soixante-six ans, avocat de profession, Nahas était une figure emblématique de la politique égyptienne. C'est lui qui, dès 1927, avait assumé la présidence du Wafd, après le décès de Zaghloul. Lampson estimait donc qu'il était le seul capable de faire accepter aux masses égyptiennes une éventuelle contribution à l'effort de guerre anglo-américain.
À peine revenu de sa partie de chasse au 10, rue Tolombat, à Garden City, il décrocha le téléphone, appela le jeune monarque et lui demanda les raisons du limogeage de Sirri pacha. Farouk s'apprêtait à répondre quand Lampson le coupa :
— Majesté, je vous somme de nommer Nahas Pacha à la tête du gouvernement et nul autre. Je vous donne jusqu'à demain 18 heures. Dans le cas contraire, je crains que vous n'ayez à subir des conséquences fâcheuses.
Dans la matinée du 5, Lampson convoqua le Comité de défense, constitué du général Stone, commandant des forces britanniques en Égypte, d'Oliver Lyttelton, ministre d'État au Moyen-Orient, et de sir Walter Monckton, nouveau chef des Services de Propagande et de Renseignement. Ce dernier était l'homme qui avait rédigé l'acte d'abdication d'Édouard VIII d'Angleterre. Lampson leur expliqua la situation et ce qu'il voulait.
Monckton s'assit à une table dans le grand bureau du premier étage, qui donnait sur les jardins, et commença à rédiger le second acte d'abdication de sa carrière.
– Sir Miles, demanda le général Stone, soucieux, croyez-vous opportun en ce moment de forcer le roi à abdiquer ? Le peuple…
– Général, je connais ce peuple depuis des années : il ne fera rien.
– Et par qui avez-vous l'intention de remplacer Farouk ?
– Par le prince Mohammad Ali.
Stone ne parut pas convaincu.
– Le Foreign Office est-il informé de vos intentions ?
– Parfaitement. J'ai l'aval de notre ministre, sir Anthony Eden.
Lampson consulta sa montre pour la troisième fois depuis le début de la réunion.
À 18 h 15, soit un quart d'heure après la fin de l'ultimatum, l'huissier annonça une visite : Hassaneïn Pacha, ancien tuteur de Farouk à Woolwich, venait d'arriver. Introduit dans le bureau de Lampson, il lui tendit une lettre signée par une cinquantaine de personnalités.
« Nous considérons que l'ultimatum britannique porte gravement atteinte aux accords conclus entre l'Égypte et l'Angleterre, et à l'indépendance du pays. Pour ces raisons, et s'appuyant sur notre avis, Sa Majesté refuse de se plier à vos exigences. »
Lampson jubila. Il tenait sa proie ! Il n'allait faire qu'une bouchée du kid.
Il rendit la lettre à Hassaneïn et se contenta de déclarer qu'il rendrait visite au roi à 21 heures.
À 21 heures précises, un bataillon de six cents soldats anglais encercla le palais Abdine.
Quand la Rolls arriva devant les grilles, celles-ci étaient fermées. Un officier mit pied à terre et fit sautées les serrures d'un coup de revolver.
Faisant fi des cris de protestation du grand chambellan, le haut-commissaire s'engouffra dans le bureau de Farouk. Hassaneïn pacha, l'ex-tuteur du roi, se tenait à ses côtés. L'Anglais cacha mal son impatience. L'idée de destituer un roi l'exaltait. Il se voyait déjà gouverneur des Indes. Poste qu’il convoitait depuis toujours.
Le grand chambellan tenta de refouler le général Stone hors du bureau royal. Lampson le tança vertement »
– Dans ce cas, protesta Farouk, la voix vacillante, permettez que Hassaneïn demeure à mes côtés.
Lampson haussa les épaules. Il n'y voyait pas d'inconvénient. Sans plus attendre, il se lança dans une diatribe où il fut question du non-respect de l'ultimatum dans les délais exigés. Quinze minutes de retard ! Il parla aussi de trahison à l'égard de l'Angleterre et des accords passés, de connivence avec l'ennemi allemand.
Le roi essaya de se justifier, mais Lampson le coupa et posa sur le bureau l'acte rédigé le matin même par sir Walter Monckton.
Nous, roi Farouk d'Égypte, pleinement concerné par les intérêts de notre pays, renonçons et abandonnons au profit de nos héritiers le trône du royaume de l'Égypte ainsi que tous les droits, privilèges, puissance, souveraineté sur ledit royaume et ses sujets, et nous exemptons lesdits sujets de toute allégeance à notre personne.
– Signez ! ordonne Lampson.
Farouk continua de fixer le texte. Il avait été gribouillé sur une simple feuille de papier où n'apparaissait même pas l'entête de l'ambassade britannique. Le souverain grimaça un sourire :
– Vous auriez quand même pu trouver un papier décent...
Lampson garda le silence, bras croisés.
Farouk saisit son stylo. Il allait signer.
Le représentant anglais était aux anges.
C'est alors que Hassaneïn pacha se précipita et murmura quelques mots à l'oreille du monarque.
– Alors ! s'impatienta l'Anglais.
Farouk reposa son stylo.
– D'accord. Il sera fait selon votre volonté. Je nommerai Nahas pacha.
Ces propos venaient vraisemblablement de lui être soufflés par le fidèle Hassaneïn. Lampson n'avait plus d'autre choix que d'accepter. Tant pis pour la destitution.
Farouk respira. Il venait de sauver son trône. À quel prix !
Lorsqu'on rapporta à Taymour Loutfi le déroulement de cette tragédie, il alla voir son épouse, et lui déclara, la gorge nouée, les yeux embués de larmes :
— Nous n'avions pas de roi. Nous n'avions qu’un homme à la tête de l'Égypte. Désormais, même l'homme n’est plus.